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02 - A travers les no man's land

Pour partir de Kara, nous avons bénéficié de la voiture de sœur Léa pour une partie du trajet puisqu’elle se rendait dans un village juste à côté de la frontière. Première pause à 15 kilomètres de la frontière où se profilent déjà quelques éléments qui constitueront notre future routine : s’arrêter, poser les sacs à un kiosque, prendre un nescafé (ou un thé au lait, selon les goûts), trouver un petit quelque chose à manger, discuter avec les autres personnes attablées afin de savoir un peu où on est ou juste pour le plaisir d’échanger. Comme à chaque étape, j’essayerai en vain de trouver une carte pour me situer un peu dans le pays et savoir vers ou se diriger. Finalement, on peut s’en passer.

Bonjour, où peut-on trouver des véhicules qui partent vers le Ghana ?
-Pour quel village ?
-Euh… On ne sait pas. Au Ghana seulement.
-… (regard interrogateur)
-Par exemple un village sur la route de Tamale où on pourrait bifurquer vers le Sud pour aller dans la Région de la Volta.
-… (incompréhension). Vous n’avez qu’à aller à [nom d’un village], vous demanderez là-bas

Echange entre un quelqu'un et nous

Finalement, un petit trajet en taxi jusqu’à la frontière nous permet de découvrir une des plus grandes mines du Togo et des plantations de tek à perte de vue. On passe le poste-frontière togolais sans encombres, après avoir fait tamponner nos visas, et on découvre un nouveau pays : le no man’s land. Personnellement, c’était la première fois que je traversais un no man’s land à pied, alors on a pris notre temps, on s’est assis un moment sur un rondin de bois qui traînait là tout en se posant des questions sur la langue officielle de cette espace, la monnaie en vigueur, les lois auxquelles nous devions obéir. Comme c’est en fin de compte assez mort, nous avons fini par partir pour atteindre le poste-frontière ghanéen. Pfiout, nouveau changement d’uniforme, changement de langue « good morning », documents à remplir, tampons sur le passeport. Encore une fois, c’est passé comme une lettre à la poste.

Switch up the language and move to Ghana

Damian Marley, as we enter

On commence à marcher sur la seule route qui part du poste-frontière avant d’être ramassés par un tricycle avec chariot dans lequel on s’entasse avec les autres passagers avant de découvrir le confort que procure le contact direct avec la structure en métal sur une route pleine de creux et de bosses. Nous atteignons une première ville, qui n’a déjà plus de nom dans ma tête où on arrive à changer quelques francs CFA et à trouver un bus qui part vers l’Ouest, direction Yendi, où on pourra bifurquer vers le Sud d’après les informations que nous avons reçu.

Ben dans le tricycle infernal.

Ben dans le tricycle infernal.

Yendi, ça a l’air de rien comme ça, mais c’est une ville difficile à gérer pour nous, pauvres voyageurs fatigués. On peine un peu à trouver un distributeur et un logement décent à un prix correct. Surtout, il n’y a aucun bar dans cette ville (bah oui, on est en vacances, on a des préoccupations assez primaires). On découvre seulement deux ou trois spot comme les ghanéens appellent ça, où il faut se cacher à l’intérieur pour boire une bière ou fumer une cigarette. Lorsqu’on y entre, les gens dehors nous jettes des regards désapprobateurs, et dedans l’atmosphère est compacte de fumée, l’odeur âcre de l’alcool mêlé à la sueur emplie nos narines, la musique assaille nos virginales oreilles, tandis qu’on y découvre une poignée d’hommes ayant tous une tête de mafieux et, visiblement, suffisamment d’alcool dans le sang pour s’enflammer spontanément au contact d’une allumette (mais je n’ai pas fait l’expérience). Autant dire qu’on n’est pas resté très longtemps et, après avoir erré un peu nuitamment dans cette ville bien trop prude, nous avons décidé de tailler la route dès les premières heures le lendemain.

Chose dite, chose faite. La journée qui suit va marquer notre première vraie découverte avec les trajets en taxi-brousse. Dès le matin, le ton est donné. Comme à chacun des trajets qui suivra, le convoyeur veut nous faire payer un prix exorbitant pour charger les bagages dans le véhicule et il faudra attendre que le véhicule soit plein avant de partir (ce qui prit à chaque fois entre une et quatre heures). Les routes ne sont que des pistes dans un état déplorable (je me rappelais les burkinabé qui me disaient « tu va vois, le Ghana c’est développé, pas comme chez nous » en me disant que même au Burkina ils n’ont pas des pistes comme ça). Le paysage ressemble beaucoup à celui du Burkina : très plat, un parc agro-forestier avec des karités, quelques kapokiers, des baobabs. Chaque ville que nous atteignons est l’occasion de se dire « mouais, bof, continuons ». Evidemment, toujours pas de carte ni de cybercafé pour savoir où on va donc on demande juste des véhicules qui vont vers le Sud. On traverse ainsi les villages de Bimbilla et Dankassou, où on attend un temps record ce qui laisse le temps de prendre quelques photos qui suivent. Je suis un peu inquiet car je ne vois toujours que des paysages très secs et sans reliefs, ce qui ne correspond pas tout à fait à ce que j’attendais (mais les attentes sont la source même de la déception). Notre dernier tro-tro nous amène à Nkwenta, que nous atteignons nuittament.

La grande rue de Dankassou, des vendeurs de poules et des enfants.
La grande rue de Dankassou, des vendeurs de poules et des enfants.La grande rue de Dankassou, des vendeurs de poules et des enfants.La grande rue de Dankassou, des vendeurs de poules et des enfants.

La grande rue de Dankassou, des vendeurs de poules et des enfants.

Scènes de marché à Dankassou : les vendeuses de canne à sucre, un camion rempli d'ignames, des gens, des gens, des gens, des gens.
Scènes de marché à Dankassou : les vendeuses de canne à sucre, un camion rempli d'ignames, des gens, des gens, des gens, des gens.Scènes de marché à Dankassou : les vendeuses de canne à sucre, un camion rempli d'ignames, des gens, des gens, des gens, des gens.Scènes de marché à Dankassou : les vendeuses de canne à sucre, un camion rempli d'ignames, des gens, des gens, des gens, des gens.
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Scènes de marché à Dankassou : les vendeuses de canne à sucre, un camion rempli d'ignames, des gens, des gens, des gens, des gens.

Au Ghana, il y a beaucoup d'autocollants et de phrases écrites un peu partout faisant référence à Dieu et à la religion la plupart du temps. D'ailleurs il faudra que je parle de la religion plus tard.Au Ghana, il y a beaucoup d'autocollants et de phrases écrites un peu partout faisant référence à Dieu et à la religion la plupart du temps. D'ailleurs il faudra que je parle de la religion plus tard.

Au Ghana, il y a beaucoup d'autocollants et de phrases écrites un peu partout faisant référence à Dieu et à la religion la plupart du temps. D'ailleurs il faudra que je parle de la religion plus tard.

Durant tout ce trajet, je lisais la fin des temps de Murakami et j’étais tellement plongé dedans que j’en rêvais parfois dans mes micro-siestes et j’en arrivais à un tel point que je ne savais plus vraiment ce qui était réel, ce qui était dans le livre et ce qui était onirique (comme le livre est lui-même très onirique cela renforce la confusion).

La première spécialité culinaire que nous découvrons est le kenke, une pâte de mil sucrée cuite dans une feuille de maïs et qui se mange avec des arachides grillées. Un régal !

Le kenke !!!

Le kenke !!!

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