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06 - Koforidua et Kokrobite

Après notre départ de Wli, nous étions en proie au doute et à l’incertitude. Où aller passer la nuit de l’an ? Au bord de la mer, ce serait chouette mais c’est quand même loin. Au bord du lac Volta, bonne idée mais on ne voit pas vraiment de villes pas trop loin sur la carte. D’ailleurs, ville ou village ? On a écarté l’hypothèse Accra, parce qu’arriver en plein jour de l’an, de nuit, dans une capitale inconnue, ça peut vitre devenir une expérience délicate. Finalement, on a opté pour Koforidua sans que je ne me souvienne bien des raisons de ce choix. Ça avait l’air d’être une assez grande ville, sur la carte ça avait l’air non loin du lac (mais en fait pas du tout). Après un trajet interminable (très long, pas entre gens minables), on arrive de nuit et on a beaucoup de mal à se repérer. Tout le monde nous dit que pour trouver une guest house pas cher il nous faut forcément prendre un taxi (les Ghanéens ou les Burkinabé, pour ne citer que ceux que je connais, ont la même tendance que les Parisiens : si un lieu est à plus de dix minutes à pieds, c’est beaucoup trop loin et il faut donc prendre la moto ou le métro, selon le continent). Bref, après quelques grosses minutes d’errance, on a fini par trouver un modeste logement et on est sorti festoyer après avoir appris quelques pas de hip-life en attendant le gérant du lieu.


Le hip-life, c’est le style musical à la mode, impossible de passer outre. C’est une forme de hip-hop local, avec des textes en anglais alternant entre du rap et du chant. Le nom vient d’une déformation du terme high-life. J’avais commencé à écrire une description du high-life et je suis allé voir sur internet si je n’écrivais pas n’importe quoi, et c’était totalement le cas. Je vais donc emprunter cette courte présentation en licence libre :

Tiré des musiques d’église, des fanfares militaires, du jazz, du calypso et des rythmes de la côte (« osibi » du Ghana à base de percussions et de chants, « ashiko » de Sierra Leone, « dagomba » et jeu de guitare « fireman » du Liberia), le highlife (la belle vie) se développe d’abord à Kumasi dans les années 1920, seconde ville du Ghana et chef-lieu de la Région Asante (Ashanti). Au début de la Seconde Guerre mondiale, ce rythme explose à Accra devenu l’aéroport de transit des forces alliées en campagne au Moyen-Orient : des milliers de soldats européens et américains dont de nombreux musiciens y faisant escale, mêlent au highlife originel le jazz et le swing. Le hilife est également servi par le bouillonnement idéologique d’une élite intellectuelle dont la réflexion s’articule autour de quelques grands thèmes comme le nationalisme culturel, le respect de la personnalité africaine, la solidarité des peuples noirs et surtout le panafricanisme dont le plus ardent militant est Kwame Nkrumah, futur président de ce pays indépendant en 1957.

Afrisson.com

Le hip-life a relativement peu de points communs avec le high-life. C’est Reggie Rockstone, un musicien ghanéen qui, après avoir fait un temps du hip-hop aux USA, décida d’utiliser des sample de high-life avec des textes en langues locales pour créer un nouveau style de musique. Personnellement, je n’ai pas été convaincu par tout ce que j’ai entendu mais je gagnerai à découvrir mieux l’histoire de cette musique et en a écouté quelques pépites plutôt que ce qui passait en permanence à la radio.

Une chanson de high-life

Nos vagabondages nocturnes, ponctués par les bruits des pétards que des jeunes faisaient permanemment éclater, nous ont emmenés dans un bar diffusant du reggae, sur le toit d’un immeuble qui surplombait une cour où nous avons dansé le hip-life avec des jeunes habillés comme dans des clips (attention, il ne faut pas chercher à affronter les ghanéens sur leur terrain, en danse ils sont costauds !), des sonos partout dans la rue qui étaient à chaque fois l’occasion de faire une pause pour danser, les églises protestantes pleines à craquer d’hommes, de femmes et d’enfants sur leur trente-et-un. On est d’ailleurs rentré dans la plus grande des églises pour voir un peu ce qui se passait à l’intérieur. Les musiciens jouaient, l’audience chantait, les prêtres (sont-ce des prêtres ?) prêchaient et on m’a gentiment invité à m’asseoir sur un banc bien en évidence. La caméra qui diffusait des images en direct sur un écran géant juste derrière le prêtre ne manquait pas de venir montrer les images du blanc qui chante les chansons (enfin, fait semblant) et écoute attentivement le prêtre qui s’exprime (en réalité, si j’avais l’air concentré c’est seulement parce que je me retenais d’éclater de rire sur écran géant alors que Ben me regardait en ne se retenant pas le moins du monde).


Nous ne sommes pas restés beaucoup plus longtemps, et c’est avec un sacré mal au crâne que nous avons essayé de quitter la ville le lendemain matin. Lendemain seulement, car le matin s’est consumé sur l’oreiller. Première déconvenue, il n’y a plus de tro-tro pour Cape Coast. Après une phase de découragement et quelques hésitations nous avons décidé de partir à Accra et de voir une fois là-bas. Après quelques heures de trajet, nous atteignons donc la capitale. Pauvre Ouagadougou, elle doit être bien jalouse de cette sœur africaine qui a tout d’une grande. Je ne peux pas en dire beaucoup car nous avons seulement transité mais les rocades d’autoroute, les immeubles à plusieurs étages et les grosses voitures sont bien éloignés des réalités ouagalaises. Arrivé à la gare routière, nous sommes repartis immédiatement à Kokrobite. C’est rigolo Kokrobite, ça fait un peu croco et bite. Cette plage n’étant qu’à une vingtaine de minutes d’Accra, ce n’est pas du tout une bonne idée d’y arriver un jour férié : toutes les rues sont bondées de monde, dans une ambiance pas toujours très accueillante (en quinze minutes on m’avait fait les poches sans que je ne m’en aperçoive, ce qui m’a coûté une paire de lunettes de soleil). Trouver un logement bon marché relève du défi herculéen et nous avons finalement du nous résigner à payer deux fois plus cher qu’ailleurs pour dormir (il faisait déjà nuit et on était cassés, pas question d’aller plus loin). Après l’incident de l’arrivée et les multiples mises en garde, je ne suis pas très rassuré en allant m’assoir au bord de la mer pour jouer un peu de guitare. J’étais terriblement méfiant avec les gens qui venaient me parler en me disant que même s’ils étaient gentils, c’était peut-être un stratagème, et j’avais totalement tort : tous les ghanéens rencontrés ce soir là étaient fort sympathiques et m’invitaient à boire et à manger sans autre intention que faire connaissance, comme partout ailleurs.


Le lendemain matin, je profitais de la proximité de la plage pour me lever avant le Soleil afin de prendre quelques photos avant de continuer notre route vers l’Ouest.

La plage de Kokrobite, sur laquelle les pêcheurs s'activent de bon matin.
La plage de Kokrobite, sur laquelle les pêcheurs s'activent de bon matin.La plage de Kokrobite, sur laquelle les pêcheurs s'activent de bon matin.
La plage de Kokrobite, sur laquelle les pêcheurs s'activent de bon matin.

La plage de Kokrobite, sur laquelle les pêcheurs s'activent de bon matin.

06 - Koforidua et Kokrobite
06 - Koforidua et Kokrobite
06 - Koforidua et Kokrobite
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