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Travail exploratoire dans le Ziro

Ma thèse porte sur les réponses des ménages ruraux mobilisant les ressources forestières en cas de sécheresse (en gros). Le travail s’intéresse à la façon dont les gens utilisent et gèrent la forêt à l’échelle individuelle et comment l’ensemble de ces comportements donnent naissances à des stratégies et réponses collectives, qu’elles soient concertées ou non.

Les photos de brousse que j’ai posté ont été prises alors que je menais une phase exploratoire dans quelques villages du Ziro, une province au Sud de Ouagadougou (j’y ai déjà passé un peu plus de deux mois l’an dernier pour le terrain de mon stage de fin d’études). Cela consistait à rencontrer des personnes ressources (c’est comme ça qu’on dit en jargon de recherche) pour parler de la gestion forestières, des utilisations des produits forestiers dans la zone.

Mes derniers séjours dans le village me permettent de dresser le tableau suivant : les propriétaires coutumiers des terres en ont cédé une partie pour mettre en place un chantier d’aménagement forestier (CAF) visant à approvisionner en bois la ville de Ouagadougou tout en garantissant un prix fixe du bois permettant de rémunérer les bûcherons, de faire fonctionner le chantier d’aménagement et d’assurer des retombées économiques pour les villages. En théorie, l’aménagement permet une gestion durable de la forêt puisque chaque unité est divisée en 15 parcelles dont l’ensemble est exploité en 15 ans (une par année). En pratique, les bûcherons, originaires des villages, ne respectent pas les règles d’aménagement ni les techniques de coupe, coupent même les espèces qu’il est interdit d’exploiter et n’assurent pas le reboisement comme ils devraient le faire. Les responsables du CAF n’assurent aucune transparence et refusent même de communiquer les limites des parcelles aux agents forestiers, qui sont les seuls habilités à constater et sanctionner les infractions, et en sont donc dans l’incapacité. Plus grave encore, les défrichements illégaux pour l’installation de cultures sont monnaie courante dans la forêt, que ce soit des petits agriculteurs qui cultivent pour survivre ou des « agrobusinessmen », venus de Ouagadougou, qui installent d’immenses installations. Dans les deux cas, les responsables du CAF refusent de collaborer avec les forestiers et les infractions restent impunies. Les terres des agrobusinessmen sont même parfois déclassées pour ne plus être considérées comme des zones de forêt mais comme des terres agricoles.

Un baobab sur la piste entre Sapouy et Kassou

Un baobab sur la piste entre Sapouy et Kassou

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